Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Meant To Be
3 janvier 2008

La fin d'une aventure...

Après notre bref passage au Lac Atitlán, cinq autobus différents nous ont ramené au Chiapas en une douzaine d'heures de route. Terre riche de café et de chocolat, de rébellions zapatistes et de revendications sociales: il reste beaucoup à faire dans cet état qui, culturellement parlant, se rattache plus à son voisin du sud qu'au Mexique même...

À San Cristóbal de las Casas, une ville agréable et colorée aux toits en tuiles d'argile, nous tombons brusquement du petit nuage de chaleur sur lequel nous flottons depuis des mois: ici, il gèle la nuit! Mon polar, le seul vêtement chaud que je traîne, suffit à peine à me protéger du froid lorsque nous sortons le soir. Je fais bien piètre figure à côté des Mexicaines qui elles, ne sont qu'en sandales et en jupe...

À toute heure du jour et de la nuit, les rues du centre sont toujours propices à une promenade, maintes fois interrompue par les vendeuses de ceintures et de châles qui viennent nous proposer les produits de l'artisanat local. Ici, les indigènes constituent la majorité de la population, contrairement aux autres états mexicains, où les métis sont les plus nombreux. Ils parlent tzotzil ou tzeltal et l'espagnol comme langue seconde; se promènent en arborant leur costume traditionnel et portant leur petit dernier dans le dos... les yeux en amande, le teint basané et les joues brûlées, ils rappellent les Tibétains. Mais la réalité est loin d'être aussi poétique. À San Cristóbal, "deux mondes se regardent passer"*. Celui des indigènes qui gagnent leur vie comme ils peuvent en vendant leurs babioles aux étrangers, et celui des touristes qui magasinent leurs souvenirs en marchandant trop serré. Oli et moi ne faisons pourtant pas exception, nous négocions nos achats à cinq pesos près, déchirés entre notre compassion pour ceux qui en ont plus besoin que nous et notre désir de payer le juste prix. Deux mondes qui n'entrent en contact que superficiellement malgré l'intérêt qu'ils auraient à se rapprocher, s'écouter et se comprendre...

Notre visite à San Juan Chamulá, à quelques kilomètres, confirme cette impression. La raison pour laquelle ce centre politico-religieux figure dans les guides de voyage est son église, ou plutôt ce qu'il y a à l'intérieur... À notre entrée s'offre à nous une vision irréelle, témoin de la foi vibrante et presque contagieuse des villageois accroupis sur le sol tapissé d'aiguillles de pin. Des centaines et des centaines de bougies, collées à même le sol à l'aide d'une goutte de cire chaude, et des dizaines de saints catholiques alignés le long des murs, devant lesquels brûlent tout autant de lampions, font déjà forte impression sur le visiteur. L'autel principal, dédié à Saint Jean Baptiste, croule en cette période sous les guirlandes, lumières et autres décorations tout sauf traditionnelles. Mais, ce qui produit en nous cet état enchanté, voire hypnotisé, c'est la dévotion avec laquelle les villageois communiquent avec leur monde spirituel. Les hommes chantent en tzotzil des litanies monotones qui se font écho entre elles et attisent encore davantage notre curiosité. Que se passe-t-il pendant ces prières qui se mêlent à l'odeur de l'encens et à la lueur des chandelles?

Le tableau est magnifique, unique, solennel, empreint d'authenticité. Les flammes dansent, l'église s'enfume, les gens se prosternent, les touristes entrent et sortent. La théorie des deux mondes est encore plus évidente ici qu'ailleurs. Étrangers et locaux se croisent, se frôlent, sans un regard, sans une parole. La rencontre de l'Humanité avec elle-même est un chapitre de l'histoire qui n'a pas encore été écrit...

Trêve de philosopheries: c'est à San Cristóbal que nous passons en 2008, une heure après le Québec! Nous soulignons l'occasion en compagnie de Rudy, un artisan-voyageur que j'ai connu au Honduras en juillet et sur lequel nous sommes tombés par hasard au marché d'artisanat. Avec lui et d'autres joyeux fêtards, l'Uruguay, la France, l'Allemagne, Israël, la Hollande, le Mexique, le Chili (et, bien sûr, le Québec!) sont réunis pour célébrer ensemble la nouvelle année qui commence.

Hélas, janvier signifie également la fin de notre périple en sol mexicain. Après avoir allumé, par superstition, une chandelle au pied de Saint Christophe, le patron des voyageurs qui a donné son nom à la ville, nous quittons le Chiapas l'esprit tranquille: nos prochaines aventures se feront sous son aile...

*Africa Trek 2, par Sonia et Alexandre Poussin.

Publicité
Commentaires
Meant To Be
  • Oli et Vicki. Une union prévisible, voire inévitable, à l’origine d’une vie passionnée et mouvementée, loin du chemin tracé d’avance par la société qui nous a vu naître, mais qui ne nous verra probablement pas mourir.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité